SOCIÉTÉS
Élections et adaptation
L’année électorale 2017 aura marqué la recherche par de nombreux travaux réinventant de nouveaux systèmes de vote et rationalisant ses mécanismes. Une année de changement, mais également une année d’adaptation et d’exploration à l’heure des grands questionnements liés au changement global, ainsi qu’au développement des humanités numériques.

De nombreux travaux se sont penchés sur la question du vote et plus particulièrement sur son système. Des chercheurs ont, par exemple, étudié, sur un panel de candidats et non plus sur un candidat unique, le vote exprimé selon des préférences relatives. Le vote électronique a, de son côté, soulevé d’autres questionnements tels que l’anonymat, la bonne prise en compte du vote et les problématiques de coercition. Au-delà du processus électoral, des chercheurs ont étudié les mécanismes d’évolution de la popularité des principaux candidats grâce à une analyse de 35 millions de tweets.
« Nous voyons clairement, parallèlement aux primaires de la droite, puis de la gauche, comment Emmanuel Macron est passé quasiment de l’anonymat sur la twittosphère à une notoriété certaine », rapporte François Joseph Ruggiu, directeur de l’Institut des sciences humaines et sociales.
Les humanités numériques ont également occupé le devant de la scène durant l’année, notamment avec le projet ENCCRE et son édition critique de l’Encyclopédie originale de Diderot et d’Alembert publiée sur le web, mais également avec le projet Verspera dont l’objectif est de modéliser en 3D le château de Versailles.
« L’exploration numérisée des plans de Versailles présente plusieurs difficultés, notamment la compréhension de l’approche architecturale de l’époque qui pose des problèmes d’interprétation », explique Michel Bidoit, directeur de l’Institut des sciences de l’information et de leurs interactions.
L’environnement et le changement global dont le changement climatique ont eux aussi marqué la société avec l’apparition de la notion d’adaptation. Une thématique que l’Institut écologie et environnement (INEE) a mis en vedette avec la parution du livre L’adaptation aux changements climatiques : une question de société.
« La question est : comment s’adapter au changement climatique et quelles sont les réponses, aussi bien de la part des scientifiques, que la vision des grands industriels ?», interroge Stéphanie Thiébault, directrice de l’INEE.
La recherche
Des élections alternatives grandeur nature
Le résultat d’une élection dépend aussi… de la façon de voter. « Les mathématiciens savent bien que, pour une situation donnée, changer la fonction suffit à modifier le résultat, explique Antoinette Baujard, du Groupe d’analyse et de théorie économique Lyon-Saint-Étienne1CNRS/Université Lumière-Lyon 2/Université Jean Monnet-Saint-Étienne/Université Claude Bernard-Lyon 1/ ENS Lyon. Quand la fonction est un mode de scrutin, il faut aussi comprendre en quoi le résultat diffère et selon quels critères comparer les systèmes de vote. »
Voter Autrement 2017
La réflexion élaborée depuis la fin des années 1990 sur les méthodes et protocoles destinés à tester et comparer des modes de scrutin a donné lieu à différentes expériences à partir de 2002, à l’occasion des élections présidentielles.
Vote par approbation, par classement, ou selon différentes échelles de note… L’opération “Voter Autrement 2017” visait en particulier à étudier l’effet du choix des échelles de notes. Si les résultats – même corrigés des biais de participation – doivent être interprétés avec prudence, les données recueillies permettent de comparer les différentes méthodes. « L’analyse fait ressortir le phénomène du vote utile, l’acceptation de nouveaux modes de scrutin auprès des électeurs, la satisfaction tirée de l’expression citoyenne » résume Antoinette Baujard.
La méthode du jugement majoritaire
« La science du vote a commencé avant la Révolution française, avec Borda, Condorcet et Laplace », observe Rida Laraki, du Laboratoire d’analyse et modélisation de systèmes pour l’aide à la décision2CNRS/Université Paris Dauphine/Université Paris Sciences & Lettres. Suite à une expérience de vote organisée à Orsay en 2002, il a inventé et développé avec Michel Balinski, directeur de recherche émérite3CNRS/École Polytechnique, la théorie mathématique dite du jugement majoritaire : l’électeur vote en donnant son avis sur les candidatures en leur attribuant une mention de son choix – très bien, passable, à rejeter, etc. Le gagnant est le candidat ayant la mention la plus élevée, approuvée par une majorité de l’électorat.
Testée dès 2007 et développée dans Majority Judgement4MIT Press, 2011 , cette méthode a été appliquée dans le cadre d’une primaire citoyenne en 2016, où 33 000 électeurs ont désigné une candidate sur une plateforme électronique de LaPrimaire.org, sécurisée via la technologie blockchain. L’heureuse élue n’a obtenu que 135 parrainages, mais « La plateforme a été réutilisée pendant la présidentielle de 2017 pour tester le jugement majoritaire sur les deux tours où 53 000 électeurs ont participé ».
Suite à l’intérêt engendré, l’association Mieux Voter vient d’être créée pour promouvoir ce système » rappelle Rida Laraki.
Sources :
http://www.cnrs.fr/inshs/Lettres-information-INSHS/lettre_infoinshs46hd.pdf
https://lejournal.cnrs.fr/articles/presidentielle-2017-dans-la-tete-des-electeurs
http://www.cnrs.fr/inshs/recherche/elections2017.htm
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