GOUVERNANCE 2017
![[:fr]Alain Fuchs[:en]Alain FUCHS[:]](https://ra2017cnrs.fr/wp-content/uploads/2018/04/Fuchs%C2%A9CNRS-Phototheque_Francis-VernhetNB-HD-uai-1968x1476.jpg)
Alain FUCHS
Président du CNRS
« L’atout distinctif du CNRS : offrir un emploi stable aux jeunes chercheurs »

Entretien avec Alain Fuchs
Vous avez présidé le CNRS pendant plus de 7 ans, comment qualifieriez-vous l’évolution de l’organisme ?
Le CNRS n’a pas cessé d’évoluer depuis sa création en 1939 : le CNRS du XXIe siècle ne ressemble pas à celui de l’après-guerre ni à celui des années 1970. C’est une institution majeure qui a su s’adapter au contexte national, européen, mondial.
Les laboratoires associés, puis la création des unités mixtes de recherche ou encore la prise en charge des grandes infrastructures de recherche font partie de ces évolutions importantes qui ont fait bouger les lignes. Quelques-unes ont pu provoquer des tensions. Tout le monde sait qu’à certaines époques, les portes ont claqué entre les dirigeants du CNRS et leurs ministres. Mais tout ceci appartient au passé. Les relations sont aujourd’hui apaisées.
Ces dernières années, la politique de rapprochement avec les universités a été le fait majeur de mes mandats. Cette politique a contribué à pacifier les relations au sein du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. Sans que le CNRS n’y perde son âme.
Quelle est la place du CNRS dans le paysage français où émergent de grandes universités de recherche ?
Le CNRS a joué un rôle éminent dans l’émergence de ces universités françaises de rang mondial et a contribué à façonner le nouveau paysage universitaire. Il est considéré à juste titre comme un facilitateur. De notre point de vue, cette transformation a abouti à une meilleure articulation entre la politique nationale de l’organisme et les politiques locales de site. Nous avons travaillé à bien distinguer nos missions nationales - je pense à la coordination des Très grands instruments de recherche, à l’international ou encore à l’animation de certaines communautés scientifiques comme celle des mathématiques - des politiques scientifiques de site. C’est la bonne articulation de ces deux politiques qui conduit à une gestion optimale de la recherche. Ce positionnement n’a fait que renforcer le CNRS sur le grand terrain de la recherche mondialisée alors qu’il risquait d’en être écarté.
300 chercheurs/300 ITA: vous avez tenu à maintenir un niveau de recrutement qui permette un renouvellement scientifique ...
C’est ma conviction. Le CNRS a beaucoup d’atouts mais un de ses atouts distinctifs, que nous avait d’ailleurs reconnu le comité international d’évaluation, est d’offrir à des jeunes chercheurs, proches de la trentaine, un emploi stable sur une longue durée et une vraie liberté de recherche. Nous sommes dans ce domaine réellement compétitifs face à d’autres institutions de recherche en France et à l’étranger.
La qualité des chercheurs du CNRS ne se mesure pas par un indicateur. Ce n’est pas un chiffre que l’on peut brandir devant la représentation nationale. C’est pourtant elle qui garantit nos capacités de découvertes futures. C’est elle qui fait l’excellente réputation du CNRS et de ses laboratoires.
C’est pourquoi je me suis battu pour cette priorité à l’emploi, pour maintenir la capacité du CNRS à recruter dans toutes les disciplines. Je n’ai pu que limiter les pertes car le niveau global d’emploi a baissé.
J’ai conscience que cette équation est difficile car il faut aussi s’employer à rehausser le soutien de base aux laboratoires. Elle est d’autant plus compliquée que dans la dernière décennie la subvention accordée au CNRS a stagné, voire diminué en euros courants alors qu’elle a considérablement augmenté dans les pays voisins, l’Allemagne par exemple.
Je ne fais pas partie de ceux qui estiment que tout se résume à une affaire de moyens, mais il y a tout de même une limite en dessous de laquelle on ne peut pas aller.
Pour la première fois, le CNRS a lancé en 2017 un programme de recherche destiné aux jeunes chercheurs, Momentum. Quel sens avez-vous voulu donner à cette initiative ?
Le programme Momentum vise à recruter des jeunes chercheurs – huit ans après la thèse – à qui le CNRS donne le maximum d’autonomie en matière de prise de risque et de conduite d’équipe. L’idée était d’étendre à l’ensemble des disciplines le programme ATIP Avenir (CNRS-Inserm) qui a si bien réussi au secteur biologie santé.
Un processus sélectif permet d’attirer des chercheurs qui ont déjà publié et ont envie de se lancer dans des projets nouveaux, de préférence dans des domaines où nos viviers sont faibles ou, au contraire, sur des thématiques que nous souhaitons renforcer.
Ce faisant, le CNRS fait coup double : il se renforce tout en gagnant en attractivité. L’extraordinaire qualité des projets présentés l’a démontré. Et la première promotion a dépassé nos espérances. Je souhaite longue vie à Momentum. J’en profite pour rendre hommage à Anne Peyroche qui a mené cette opération de main de maître, comme elle l’avait déjà fait pour le programme Make our planet great again. Je pense que le CNRS n’oubliera pas ce qu’Anne Peyroche lui a apporté dans ses fonctions de DGDS puis de présidente par interim.
![[:fr]Courdoy-web[:]](https://ra2017cnrs.fr/wp-content/uploads/2018/06/Courdoy-web-uai-708x708.jpg)
Christophe COUDROY
Directeur général délégué aux ressources
2017 : Une étape importante dans la gestion des ressources au profit des agents et des laboratoires

Entretien avec Christophe COUDROY
2017 : Une étape importante dans la gestion des ressources au profit des agents et des laboratoires
Comment évolue l’attractivité du CNRS en 2017 ?
Pour la troisième année consécutive, le CNRS a recruté plus de 300 chercheurs et 300 ingénieurs et techniciens, afin de lisser le creux démographique des départs. Au plan salarial, l’année 2017 a été très riche. Le protocole PPCR (parcours professionnels, carrières et rémunérations) a ainsi permis une revalorisation des grilles de rémunérations et une augmentation des taux de promotion. Le CNRS est en outre passé au nouveau régime indemnitaire des ingénieurs et techniciens, le RIFSEEP, avec une enveloppe dédiée de 15M€ supplémentaires. Cela ne résorbe pas en totalité l’écart avec les universités mais une bonne partie du chemin a été faite.
Quels outils le cers a-t-il spécialement travaillés pour appuyer la politique de partenariat ?
L’année 2017 a été marquée par la signature de trois « partenariats renforcés » sur les sites de Marseille, Bordeaux et Strasbourg, pour approfondir les coopérations en matière de fonctions support au bénéfice des laboratoires.
En matière des systèmes d’information, nous avons parallèlement mis en valeur des initiatives locales comme l’application PCRU, qui offre aux tutelles d’un laboratoire une vision d’ensemble de tous ses contrats de recherche, sans besoin de saisies multiples. Au niveau national, l’application de gestion des temps Agate a été rendue accessible, via la centrale d’achat CNRS, aux partenaires académiques qui le souhaitent, permettant d’unifier les logiciels en la matière. Un très gros effort a par ailleurs été accompli pour faire avancer avec l’Agence de mutualisation des universités (AMU) le projet d’interface entre les applications SIFAC et GESLAB : plusieurs étapes décisives ont été franchies. A terme, cela allégera et simplifiera grandement la gestion financière des laboratoires.
Le CNRS a lancé ces dernières années plusieurs projets de modernisation. Comment ont-ils évolué en 2017 ?
Beaucoup ont achevé leur montée en puissance en 2017, comme la plate-forme de dématérialisation de la dépense (P2D2). Concernant la gestion budgétaire et comptable publique (GBCP), une version plus complète des outils a été livrée même si beaucoup d’améliorations sont encore prévues. En Île-de-France, le service mutualisé (IFSEM) a passé les derniers jalons avant le schéma cible.
L’année a vu aussi se concrétiser plusieurs initiatives nouvelles. Le partenariat avec le fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique a été renouvelé avec un financement global de 5 M€. Un plan de promotion de la qualité de vie au travail a été lancé, donnant lieu notamment à un appel à projets très apprécié. Signalons aussi l’ouverture du compte personnel de formation, qui succède au dispositif du DIF.
Enfin, les grands chantiers de modernisation se poursuivent, comme la démarche d’amélioration continue, avec plus de 100 projets en cours. C’est une excellente dynamique, à inscrire dans la durée
Directions rattachées
DCIF - Direction des comptes et de l'information financière
DSFIM - Direction de la stratégie financière, de l'immobilier et de la modernisation
DRH - Direction des ressources humaines
DAJ - Direction des affaires juridiques
DSI - Direction des systèmes d'information
DIRSU - Direction de la sûreté
![[:fr]Peyroche-web[:]](https://ra2017cnrs.fr/wp-content/uploads/2018/06/Peyroche-web-uai-719x719.jpg)
Anne Peyroche
Direction générale déléguée à la science
Une science interdisciplinaire

Entretien avec Anne Peyroche
Une science interdisciplinaire
La recherche fondamentale a besoin de temps, de stabilité mais également d’un flux de nouveauté, d'énergies nouvelles.
Quel bilan faites-vous après deux ans à la tête du CNRS, d'abord en tant que directrice générale déléguée à la science, puis en tant que présidente par intérim ?
Le CNRS est une magnifique maison où se conjuguent créativité, liberté, diversité, esprit collectif et engagement à long terme et qui produit une science remarquable. Son attractivité nationale et internationale est exceptionnelle. Cette visibilité tient à la place et au rôle que l’organisme a acquis dans les très grands projets scientifiques – les découvertes successives liées aux ondes gravitationnelles nous en ont fourni un exemple –, mais aussi à sa capacité à accompagner des recherches originales venant d’équipes très diverses L’organisme suit une trajectoire dynamique tout en évitant les mouvements chaotiques. La recherche fondamentale a besoin de temps, de stabilité mais également d’un flux de nouveautés, d’énergies nouvelles, ce qui rend si important le recrutement de nouveaux chercheurs, ingénieurs et techniciens.
Quels ont été les faits marquants de l’année 2017 ?
Parmi les projets ambitieux de l’année, il faut citer Momentum, programme de soutien de recherches innovantes inscrites dans treize thématiques prioritaires1En 2017, le programme Momentum soutient des projets dans treize domaines émergents et transdisciplinaires allant de l’étude des cycles du carbone aux calculs et simulations quantiques. et dédié aux jeunes chercheurs. Le CNRS a reçu 430 dossiers de candidature éligibles et retenu 19 projets. Nous avons eu à choisir parmi des projets très originaux, enthousiasmants, certains faisant même l’objet de véritables coups de cœur. Le CNRS s’est également vu confié le pilotage scientifique du programme Make our planet great again, lequel a reçu 1 822 candidatures provenant d’une centaine de pays, majoritairement des Etats-Unis, pour 18 projets retenus. Ce sont des profils de haut niveau qui souhaitent saisir cette opportunité pour rejoindre un pays scientifiquement attractif. Attractif dans sa dynamique de recherche mais attractif aussi pour ses valeurs, comme l’attachement à la liberté de la recherche. En confiant le pilotage scientifique de cet appel au CNRS, c’est son expertise scientifique et sa connaissance du paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche en France qui sont reconnues.
Que vous inspire le succès des deux programmes transversaux Momentum et Make ou planet great again ?
Le succès de ces programmes confirme qu'ils répondent à un besoin, sinon à une attente. Ces initiatives transversales destinées, dans un cadre défini, à un large périmètre de champs disciplinaires sont très positives et stimulantes pour le CNRS. Elles permettent le dialogue entre les disciplines, la grande force de notre organisme. Par ailleurs, même si l’interdisciplinarité se décline naturellement dans chaque institut, dans les commissions interdisciplinaires du Comité national et à travers la mobilité des chercheurs, nous disposons aussi de la Mission pour l’interdisciplinarité (MI) chargé de mettre en place des appels à projets et des actions scientifiques interdisciplinaires. La MI a évolué au cours de l'année pour disposer à la fois de projets interdisciplinaires et d'actions communes à plusieurs domaines scientifiques, avec l'objectif qu'elles deviennent le bras armé de la stratégie scientifique.
Directions rattachées
DASTR - Direction d'appui à la structuration territoriale de la recherche
DERCI - Direction Europe de la recherche et coopération internationale
DIRE - Direction de l'innovation et des relations avec les entreprises
DIST - Direction de l'information scientifique et technique
MI - Mission pour l'interdisciplinarité
![[:fr]Michel Mortier[:]](https://ra2017cnrs.fr/wp-content/uploads/2018/06/Michel-Mortier-web-1-uai-768x768.jpg)
Michel MORTIER
Délégué général à la valorisation
Le CNRS, un acteur majeur de l’innovation en France et dans le monde

Entretien avec Michel MORTIER
La délégation générale à la valorisation fête ses deux ans. Comment s’est déroulée cette deuxième année après les premières bases posées en 2016 ?
L’année 2017 a été une année de transition avec des évolutions dans les modèles de fonctionnement vis-à-vis des partenaires et/ou de nos filiales. Le CNRS a ainsi signé une nouvelle convention avec sa filiale nationale de valorisation, CNRS Innovation (anciennement FIST SA). Cette dernière permet une clarification des missions, une optimisation de la gestion de la propriété intellectuelle par la filiale et prépare la prise en responsabilité du comité des engagements.
L’année 2017 a aussi été un moment de réflexion interne sur nos filiales de valorisation régionales, les SATT et leur modèle économique, notamment sur le principe d’intéressement des chercheurs que le CNRS veut défendre en priorité. Nous avons mené et poursuivons des discussions en ce sens.
Comment se positionne le CNRS sur le terrain de l’innovation au niveau national et international ?
Le CNRS est un acteur majeur et reconnu de l’innovation. Il est présent au sein de classements nationaux et internationaux. Nous sommes à la 8e place des organismes publics de recherche les plus innovants au monde selon Thomson Reuters et 6e du palmarès des principaux déposants de brevets selon l'Institut national de la propriété industrielle, avec 750 brevets déposés en 2017.
Comment se développent les relations du CNRS avec le monde socio-économique ?
Les structures communes de recherche constituent un outil majeur de recherche partenariale et de développement. En 2017, de nouvelles structures communes de recherche ont vu le jour2SImatLab, Lab4Art, DriLab, SOIE, Genislab, PiGaz, I-MAG, LISIP, SIVALab, IMPYACT, INO-GYRO et Factolab, GEO-HERITAGE et elles sont désormais plus de 140. Le CNRS a renouvelé plusieurs accords-cadres de collaboration. Parmi eux, le groupe Solvay et le CNRS ont renouvelé leur partenariat scientifique qui date de plus de 40 ans. Nous sommes également un acteur majeur des Instituts Carnot avec plus de 150 laboratoires impliqués. Ce label marque la volonté du CNRS de développer les recherches partenariales pour favoriser l’innovation d’entreprise. Enfin, le CNRS incite les laboratoires à candidater au programme Labcom de l’Agence nationale pour la recherche dédié au développement des laboratoires communs avec les PME. Nous avons cette année 48 laboratoires labélisés.
Le CNRS a opéré 2 prises de participation au sein de start-up3Les start-up Antescofo et Sensome par conversion de créance avec un accompagnement fort de ces entreprises par CNRS Innovation. Ces prises de participation représentent un risque assumé de la part du CNRS pour optimiser la valorisation de la recherche et accompagner pour donner les moyens de l’essor des start-up. Cette stratégie a vocation à être amplifiée.
Un certain nombre d’évènements sur le thème de l’innovation ont été mis en place par le CNRS. Cela fait partie des grandes nouveautés de 2017…
Les Innovatives SHS 2017, le salon international Cosmetics 360, dont le CNRS est partenaire, les Mardis de l’innovation, le lancement des Journées innovation (déclinées pour la première fois en régions), les Journées Innovation Santé, les Rendez-vous Carnot… Ces évènements favorisent la rencontre partenaire et sensibilise le monde économique et politique aux résultats de la recherche. A ce titre, le CNRS joue pleinement son rôle de carrefour et de catalyseur en matière de transfert et de technologie.
Les chiffres
18 millions d’euros consacrés à la valorisation
2 millions d’euros consacrés à la prématuration
5 628 brevets
1 281 licences actives
+ de 1 400 start-up